Terrorisme : net déclin en Tunisie pendant l’année 2021, que présage 2022 ?

Effet du coronavirus, destruction systématique des cellules de support logistique, désintérêts de la population pour l’idéologie takfiristes-jihadistes, 2021 a été une des plus calmes au point de vue activités terroristes dans l’histoire tunisienne post-révolution.
Il y a bien eu quelques exceptions à la règle, un homme possédé s’attaquant à la hache aux policiers surarmés devant le ministère de l’Intérieur, un soi-disant membre d’un groupe terroriste dont on n’a plus entendu parler depuis six ans (Ansar al Charia) qui blesse au couteau un agent d’une patrouille sécuritaire dans le désert, ainsi que les actions dites « loup solitaire » en France telle celle de Jamel Gorchane originaire de M’saken, qui était en suivi psychiatrique et attaqua une femme policière dans un commissariat français en avril 2021.
C’est que les groupes armés en Tunisie, malgré le retour d’un nombre conséquent de combattants de DAESH venant de Syrie et Libye (près de 500), ont perdu la plupart de leurs cadres. Les deux grandes tendances, d’un côté l’Etat Islamique représenté par Jund al Khalifa commandé jusqu’à son arrestation en décembre 2021 par Ridha Amri, dit Abou Aicha, n’a plus que quelques dizaines de membres, tandis qu’Okba Ibn Nafaa, filière concurrente, associée avec Al Qaeda, et se trouvant à la frontière avec l’Algérie, en compterait encore moins.
L’expert américain en terrorisme, Marc Sageman explique que le terrorisme a besoin d’un fort support social afin de se développer. Malgré le danger d’infiltration par les forces de l’ordre, ce terreau propice à l’expansion d’une idéologie, dans notre cas le takfiriste-jihadiste, est nécessaire afin d’endoctriner les futures recrues. Mais la Tunisie de 2021 n’est pas celle de 2012 où l’implémentation d’une vision stricte de la charia islamique se faisait dans beaucoup de quartiers, où le drapeau noir du jihad était en vente libre et la haine prêchée directement dans certaines mosquées. La société tunisienne semble s’être détournée résolument de cette tendance extrémiste, allant jusqu’à rejeter toute incursion religieuse dans la vie politique.
Pourtant, certains disent que nous devrions nous tourner vers le passé de nos voisins algériens, voir comment le 12 janvier 1992, le Haut conseil de sécurité décida d’annuler le second tour des élections législatives de peur que le Front islamique du salut (FIS) gagne les élections. Ont suivi dix ans de violence et près de 150,000 morts d’une guerre civile dont on voit toujours les traces de nos jours. Pourrait-on envisager la même chose ici en Tunisie par suite du gel du parlement par un président qui prit les pleins pouvoirs ? Cela parait peu probable, car l’islamisme sectaire et sa montée en puissance dans les années 90 ne semble plus intéresser la population des années 2020. 2022, devrait donc être une année plutôt calme en Tunisie, du point de vue terrorisme ; mais en sera-t-il de même du côté politique ?