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En Ukraine, l’Eglise orthodoxe traquée par les services de sécurité

Dix-neuf monastères, cathédrales et églises ont été perquisitionnés par le SBU. La pression des autorités s’accroît sur l’Eglise orthodoxe affiliée à Moscou, soupçonnée d’être un centre d’influence de la Russie.

La brume stagne sur le monastère enneigé de la laure des Grottes de Kiev, le plus grand de la capitale ukrainienne et le lieu de résidence du primat de l’Eglise orthodoxe rattachée au patriarcat de Moscou. L’archimandrite Polikarp Lynenko ouvre la porte de son dortoir, un sourire plaqué sur son visage allongé par une barbiche grisonnante. C’est dans le secret d’une antichambre, couloir de passage de religieux vêtus de soutanes noir, que le chef des chœurs se confie. Oui, dit-il, au sein de l’Eglise orthodoxe ukrainienne affiliée au patriarcat de Moscou, dans laquelle il officie depuis 1988, les âmes de certains hommes, une minorité, sont « tournées vers Moscou ».

« Dans notre Eglise, comme dans notre pays, il y a différentes opinions, lâche-t-il. Certains pensent que nous devrions être amis avec la Russie et d’autres que nous devrions aller vers l’Europe. » Lui se présente comme un patriote. Mais au sujet de ceux qui sympathisent avec l’ennemi et dont le nombre serait, selon lui, proportionnel au reste de l’Ukraine, l’archimandrite confie son souhait que les autorités ukrainiennes les jugent, au cas par cas.

Le religieux est inquiet depuis que les autorités ukrainiennes ont décidé d’accentuer la pression sur son Eglise. Le 1er décembre, le conseil national de la sécurité et de la défense a chargé le gouvernement de proposer à la Verkhovna Rada, le Parlement, d’interdire les activités de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, qu’il accuse d’être un centre d’influence de la Fédération de Russie.

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