L’armée ukrainienne face à l’obstacle du Dniepr

Depuis leur retrait de la ville de Kherson, les forces russes campent sur la rive gauche du fleuve. De l’autre côté de la berge, les militaires ukrainiens s’interrogent sur la stratégie à tenir pour franchir ce cours d’eau qui ouvrirait la voie vers la Crimée.
Voilà un mois, l’armée russe quittait la ville de Kherson, l’unique grande cité du sud de l’Ukraine conquise depuis son invasion, fin février. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, parlait alors du « début de la fin de la guerre ». Pourtant, les soldats de Moscou ne sont pas partis loin. Ils ont juste changé de rive, de l’autre côté du Dniepr, le grand fleuve qui borde Kherson.
Du pont Antonivsky, seul point de passage entre les deux berges avant d’être détruit lors du repli, on peut les apercevoir à la jumelle à 400 mètres. Du grand escalier du parc Slavy qui descend vers les eaux du Dniepr, on ne voit pas âme qui vive sur les îles qui séparent les deux rives. Du port de Kherson où un navire est à moitié coulé, on ne distingue, de l’autre côté, qu’une grue et quelques maisons inhabitées. Mais le bruit de détonations rappelle que les Russes sont bien là.
Casse-tête stratégique
Depuis leur retrait de l’autre côté du fleuve, les autorités militaires ukrainiennes s’interrogent sur la stratégie à suivre. Traverser le Dniepr n’est pas une mince affaire. Depuis la destruction du pont Antonivsky, le passage le plus proche se trouve à 70 kilomètres à l’est. Au niveau de Kherson, le fleuve devient estuaire et débouche sur la mer Noire toute proche. Sur plusieurs kilomètres de large, il se divise en bras secondaires, de vraies rivières qui serpentent entre des langues de terre parsemées de végétation, de maisons de campagne et de petits lacs. Un casse-tête stratégique et une barrière naturelle difficile à franchir quand il faut faire passer des hommes et des véhicules lourds.
(Source: Le Monde)