Libye : Faut-il vraiment pousser pour des élections dans le plus court délai possible ?

Cinq pays occidentaux ont réitéré il y a deux jours leur volonté de voir des élections présidentielles en Libye dans le plus bref délai (les élections pour l’instant sont remises pour le 24 janvier 2022) par peur que le pays sombre à nouveau dans le chaos. Mais des élections rapides risquent-elles de mener à nouveau le pays vers un conflit entre Tripoli et Benghazi ?
Parmi les candidats aux élections présidentielles, seuls trois sont bien connus du grand public libyen : Abdel Hamid Dbeibah, actuel Premier ministre par intérim, Saif al Kadhafi, fils du dictateur déchu et le Maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’Armée Libyenne.
Il semble évident que la plupart des habitants de Tripoli et l’ouest de la Libye, où plus de la moitié de la population libyenne réside, ne voteront pas pour le Maréchal originaire d’Ajdabiya à l’est du pays et considéré par certains comme criminel de guerre à la suite de ses exactions en 2019 alors qu’il tentait de s’emparer de Tripoli.
Saif al Kadhafi, toujours recherché par la Cour pénale internationale (en anglais ICC) a été propulsé sur la scène politique libyenne par certains lobbys qui tentent de contrecarrer les avancées occidentales en Afrique du Nord. Mais la Libye peut-elle se permettre d’élire un président, « à la » Al Bashir du Soudan, qui attend d’être extradé et jugé par la Cour pénale internationale ?
Le vainqueur présumé des élections reste donc Abdel Hamid Dbeibah. Originaire de Misrata (l’ouest du pays), et s’étant enrichi sous le règne de Kadhafi, lui et sa famille sont connectés que ce soit avec les Frères musulmans, la Turquie, les anciens Kadhafistes, mais aussi les pays occidentaux (n’oublions pas qu’il a étudié longtemps au Canada). D’après nos sources, il semble aussi être populaire à l’est du pays grâce à ces programmes d’aide aux nécessiteux.
Dbeibah pourrait faire consensus et rallier la majorité des Libyens. Mais des élections bâclées, montrant des problèmes flagrants de fraude, n’est-ce pas justement ce qu’attend le Maréchal Haftar et son armée libyenne qui contrôle toujours la plus grande partie du pays (en particulier la plupart des champs pétroliers) pour repartir à l’offensive ?